LINKs-series 3-4 | Musique – Espace habité
Voilà la deuxième livraison de LINKs (L’Art de re-lier) placée à la fois sous le signe de l’académique et de l’accessible, et aussi de l’underground. Ce dernier vocable résonant telle une sorte de réponse au « mal » que ressentent les éditeurs français à donner leur place aux tentatives de renouvellement et d’ouverture de la pensée. Même si être en ligne n’est plus, de nos jours, spécifiquement underground.
Le dossier du n°3 — « Arts sonores & musiques instrumentales au temps des déterritorialisations numériques » — est axé sur la musique électroacoustique et expérimentale contemporaine. Cinq créateurs de pays divers (France, Italie, États-Unis) y font profiter de retours d’expériences sur leur travail, tandis que d’autres auteurs interrogent la musique sur un plan sociologique et phénoménologique, et qu’une place est aussi faite à la culture des stars/avatars de la chanson pop japonaise. Juste avant le dossier, il est question de musique underground et, plus largement, de ce qu’on peut entendre par ce terme. Plus loin, dans la rubrique « Art(s) et (quelques) réflexions », est décrite une création partagée en dessin augmenté exécutée récemment en public au moyen d’une palette graphique, puis vient la suite de l’interview inédite du cinéaste expérimental Tony Conrad (dont la première partie a été publiée dans LINKs n° 2), où le réalisateur radical et anti-narratif revient notamment sur son film The Flicker (1966). Avant cela, la rubrique « Perspectives scientifiques, sciences humaines et recherche », présente un panorama des nanotechnologies contemporaines réalisé par un expert en électromagnétisme œuvrant dans l’aviation. Sont exposées aussi les expériences pionnières de multimédias interactifs menées au MIT (fin années 70-début années 80), ainsi qu’une réflexion sur l’ordinateur convoquant à la fois Heidegger et McLuhan, écrite en 1993 par un spécialiste américain de la réalité virtuelle et traducteur du philosophe allemand (à suivre dans le n°4).
Le dossier du n°4 — est dévolu aux « Habitabilités » et présente des approches et points de vue divers. Une chercheuse américaine débat des possibilités de vivre en un milieu « hostile » comme peut l’être la planète Mars, tandis que le directeur de l’Agence spatiale italienne met en garde, en tant que biochimiste, contre les difficultés d’adaptation de l’organisme et les risques sérieux que ce dernier encourt lorsqu’il échappe à la gravité terrestre et se trouve plongé en hypogravité. Deux artistes interrogent aussi l’habitabilité : une designeuse confectionnant des installations pour répondre à des problèmes spécifiques et un réalisateur d’animation 3D utilisant ses films comme territoire d’exploration. La rubrique « Perspectives scientifiques, sciences humaines et recherche » s’ouvre sur le travail d’un physicien et neuroscientifique italien démontrant que l’expérience esthétique naît de processus dynamiques (et quantiques) s’opérant dans le cerveau. Elle se poursuit avec la deuxième partie du texte mêlant la pensée de Heidegger et McLuhan à propos de l’ordinateur, et avec un chercheur-artiste spécialiste de la robotique qui expose le cas de robots « compagnons » des humains. Enfin, elle se clôt avec le texte d’une spécialiste de Marcel Proust évoquant deux épisodes d’À la Recherche du temps perdu relatifs au baiser du narrateur à Albertine. Dans la rubrique « Art(s) et (quelques) réflexions », on trouvera d’abord l’article collaboratif de deux musiciens et un designer (franco-dublinois et hongrois) menant à Budapest des expériences de réalité augmentée et mixte à base de capteurs et de biofeedback, et passant en revue tous les outils ad hoc aujourd’hui disponibles sur le marché, puis celui d’un artiste multimédia et enseignant spécialiste des nouvelles technologies donnant quelques exemples d’installations interactives récentes, et enfin les extraits « clickables » d’une Naissance de la photographie élaborée par un artiste installateur devenu « copiste » néoplatonicien. On doit ajouter, en tout début de ce même numéro, un court essai théorique sur le virtuel et l’interactivité inspiré par le soufisme iranien, syrien et andalou et la catéchèse chrétienne (sic).